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L’accompagnement en fin de vie : entre constats et perspectives  

8 mai 2025 • ACTUALITÉS

La question de la fin de vie est universelle, intime, et profondément complexe. Souvent taboue, elle se trouve au croisement de débats législatifs, médicaux, sociaux et éthiques majeurs. En France, les réflexions autour de la fin de vie prennent une nouvelle ampleur à l’heure où l’Assemblée nationale examine deux propositions de loi majeures : l’une vise à renforcer l’accès aux soins palliatifs, l’autre à reconnaître un droit à l’aide à mourir, dans la continuité des travaux de la Convention citoyenne sur la fin de vie. 

Premier acteur hospitalier non lucratif en France, le Groupe SOS en est convaincu : permettre à tous·tes une fin de vie digne, libre et accompagnée, passera à la fois par un renforcement massif de l’accès aux soins palliatifs, et par une reconnaissance – strictement encadrée – du droit à l’aide active à mourir. Deux accompagnements souvent perçus comme opposés mais pourtant complémentaires. 

 

À ce titre, le Dr Cédric Chaissac, chef de service de l’Unité de soins palliatifs (USP) de l’Hôpital Jean-Jaurès du Groupe SOS, a été auditionné à l’Assemblée nationale pour faire entendre une parole de terrain, nourrie par l’expérience quotidienne de l’accompagnement des personnes en fin de vie.

Contexte

En France, la loi Leonetti de 2005 interdit l’obstination déraisonnable et permet aux patients de refuser un traitement, même si ce refus est létal. La loi Claeys-Leonetti de 2016 encadre la sédation profonde et continue jusqu’au décès. L’accès à ce droit est strictement encadré.  

Le projet de loi actuel, initié après les débats de la Convention citoyenne de 2023, propose entre autres une ouverture conditionnée à l’aide active à mourir, incluant le suicide assisté et l’euthanasie.  

Soins palliatifs : un droit fondamental trop inégalement appliqué 

Les soins palliatifs, visent à soulager les souffrances physiques et psychiques de personnes atteintes de maladies graves, évolutives ou incurables. 

 

“Les Soins Palliatifs sont une médecine jeune, dynamique et sûrement une des disciplines médicales où il y a le plus de bien à faire et de choses nouvelles à inventer.”

Dr Cédric Chaissac, chef de service de l’Unité de soins palliatifs (USP) de l’Hôpital Jean-Jaurès (Groupe SOS) 

 

Ces soins vont bien au-delà de la seule gestion de la douleur : ils s’inscrivent dans une approche globale, humaine et multidimensionnelle, proposée à l’hôpital, en EHPAD ou à domicile, pour les personnes âgées comme pour les plus jeunes. Au-delà des soins, elle offre un espace de réconfort pour les patients comme pour leurs proches. 

Pourtant, l’accès aux soins palliatifs reste profondément inégal en France. Selon la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), seuls 30 % des patient·e·s qui en auraient besoin en bénéficient. En cause : une répartition territoriale déséquilibrée — 20 départements ne disposaient d’aucune unité dédiée en décembre 20231 —, un manque criant de professionnel·le·s formé·e·s, mais aussi des réticences culturelles persistantes, tant dans la société que parmi les soignant·e·s eux-mêmes. 

Les soins palliatifs ne peuvent pas être réservés à une minorité : ils constituent un droit fondamental. Chacun doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement de qualité, quelle que soit sa situation financière ou son lieu de résidence. Les soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie doivent faire partie intégrante de la culture médicale et soignantepar une formation continue et complète tout au long des études et de la carrière. Enfin, il est urgent de renforcer les moyens humains et financiers, notamment pour les équipes mobiles à domicile, pour soutenir cette discipline essentielle à une vie digne.  

 

“Ce sont des soins de première nécessité, il faut donc qu’ils puissent être accessibles à chacun car chacun de nous a été, sera ou est concerné.”

Dr Cédric Chaissac 

 

Défendre l’autodétermination : vers un droit à l’aide active à mourir  

Lorsque la souffrance devient insupportable, malgré l’accompagnement curatif et palliatif, la question de l’aide active à mourir se pose. Si la loi était adoptée, elle pourrait apparaître comme une réponse respectueuse de la volonté de la personne. Les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg ou l’Espagne l’ont inscrite dans leur loi.  

“Nos équipes palliatives ont mené un voyage d’étude au sein d’équipes homologues de Belgique et du Luxembourg. J’y ai vu des équipes apaisées même si, comme beaucoup d’entre nous en France, elles avaient manifesté contre cette évolution. Aujourd’hui, ce recours à l’aide active à mourir est intégré à l’offre palliative, il reste rare et n’est pas remis en question.”

Dr Cédric Chaissac 

Ce droit ne doit ni être banalisé, ni généralisé. Il doit rester une option parmi d’autres, exceptionnelle, proposée avec discernement dans des conditions strictement définies. Mais il doit aussi être envisagé comme un prolongement du droit à l’autodétermination. Permettre à une personne consciente, éclairée et accompagnée de choisir sa fin de vie, c’est reconnaître toute l’importance de sa dignité et de ses convictions. 

Il ne s’agit pas d’opposer l’aide active à mourir aux soins palliatifs, mais de les penser ensemble, comme deux réponses complémentaires au même impératif : ne pas abandonner celles et ceux que la médecine ne peut plus guérir, pour construire un parcours de soin centré sur les besoins. 

Encadrer avec rigueur, accompagner avec humanité

Chaque demande d’aide active à mourir doit faire l’objet d’une évaluation rigoureuse et collégiale. Elle ne peut être envisagée que si le patient est pleinement conscient, informé, et que sa douleur est réfractaire. Aussi, toutes les alternatives thérapeutiques — y compris un soutien psychologique renforcé— doivent avoir été explorées. 

La décision finale doit revenir à un médecin “habilité”, mais être éclairée par l’avis d’une équipe soignante pluridisciplinaire, dans une approche collégiale indispensable à la qualité de la prise de décision. Le personnel soignant, lui aussi, doit être protégé. La clause de conscience inscrite dans le Code de déontologie médicale garantit que nul praticien ne peut être contraint de pratiquer un acte contraire à ses convictions personnelles ou professionnelles. Ce respect de l’autonomie des médecins est un principe fondamental, que l’on doit défendre au regard de l’aide active à mourir. 

Enfin, accompagner jusqu’au bout nécessite de prendre soin des accompagnants. La création de groupes de parole et de soutien psychologique pour les professionnels et les aidants est une nécessité.  

Le Groupe SOS défend une approche de la fin de vie fondée sur l’écoute, l’autodétermination et la justice sociale. Elle incarne sa volonté de ne laisser personne de côté, y compris au moment le plus vulnérable de la vie.  

Il est temps d’agir concrètement pour que l’accès aux soins palliatifs soit renforcé, et de reconnaître un droit à mourir dignement et selon ses besoins. Face à une question aussi intime, nous avons le devoir de participer activement au débat, de répondre avec humilité, responsabilité et bienveillance.  

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